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Entretien : les 12 questions que le recruteur n’a pas à vous poser

Bingo, vous avez décroché un entretien ! La personne qui va vous recevoir doit s’en tenir à des éléments objectifs à caractère professionnel, et n’a pas le droit de vous interroger sur tout et n’importe quoi. Florilège des 12 questions discriminatoires, qui l’expose à des sanctions.

Vous mesurez combien ?

Poids, taille… Les questions relatives à l’apparence physique n’ont rien à faire lors d’un entretien d’embauche. Seule exception : votre recruteur peut vous interroger à ce sujet si l’objectif est légitime, dans un cadre artistique par exemple, et l’exigence proportionnée. Concrètement, il a le droit de vous demander vos mensurations si elles correspondent à un critère professionnel essentiel pour occuper le futur poste, comme c’est le cas pour les mannequins.

Pensez-vous que votre âge soit adapté au poste ?

Se référer à votre âge est considéré comme un facteur de discrimination, car il n’est pas censé être un critère de recrutement. Il ne pourra s’appuyer sur cet élément que s’il prouve qu’il agit dans le but de préserver votre santé ou votre sécurité. Par exemple, pour un travail de nuit, il peut légitimement considérer que le poste n’est pas adapté à une personne âgée, et risquerait de perturber sa santé et son bien-être.

Vous êtes en couple ?

Joker, votre situation familiale ne le regarde pas, puisqu’elle n’a aucun lien avec vos compétences. D’ailleurs, le recruteur ne peut pas vous demander non plus si votre conjoint travaille, la profession qu’il exerce, ni la composition de votre foyer.

Vous voulez des enfants ?

La question est malheureusement encore trop répandue, et ce sont très largement les femmes qui en font les frais… Frileux de consacrer un investissement humain et financier à l’intégration d’une salariée qui « risque » de poser bientôt un congé maternité, la question brûle souvent les lèvres des recruteurs mais le désir d’enfant ou la grossesse ne peuvent justifier un refus d’embauche.

Vous fumez ?

Les informations concernant vos addictions, le nombre de fruits et légumes que vous mangez par jour ou votre taux de cholestérol n’ont pas leur place lors d’un entretien de recrutement. L’état de santé est un domaine privé, et le recruteur n’a pas à connaître dans le détail votre condition physique. Ce n’est pas à lui d’apprécier si votre état de santé est compatible avec l’activité, mais c’est en revanche le job du médecin du travail, qui vérifiera votre aptitude médicale pour le poste en question. Ces examens ont lieu au moment de la visite d’information et de prévention effectuée lors de l’embauche. Elle est obligatoire pour tous les salariés, et pour tous les types de contrat de travail.
À l’issue de ce rendez-vous, ce médecin se contentera de confirmer que votre état de santé vous permet de remplir vos fonctions, mais ne peut en aucun cas, en raison du secret professionnel, dévoiler des informations précises, et votre dossier médical ne se retrouvera pas sur le bureau de votre employeur.  

Vous êtes homosexuel ?

-Chacun fait fait fait, ce qui lui plaît plaît plaît-, et votre sexualité ne regarde que vous. Gay, lesbienne, hétéro, bi, asexuel, en couple à deux ou à trois… Rien ne justifie que votre futur employeur ait besoin d’avoir ces infos sur votre vie intime. D’ailleurs, si vous abordez cette question en entretien, que vous n’obtenez pas le job, et que vous estimez avoir été victime de discrimination sur ce critère, vous pouvez attaquer le recruteur en justice : à lui de prouver que le choix de vous écarter reposait sur des éléments objectifs, et non sur ce critère.

Vous mangez de tout ?

Malheureusement, il y a fort à parier qu’avec cette question, votre recruteur n’est pas en train de vous assurer que vous serez heureux à la cantine. Puisque cette question se réfère aux croyances et pratiques religieuses, elle est strictement interdite.
Un recruteur ne peut pas évoquer l’appartenance à une religion dans son offre d’emploi ni lors de l’entretien, mais il a la possibilité d’intégrer dans le règlement intérieur de l’entreprise des dispositions relatives au principe de neutralité, qui vont avoir comme conséquences de réduire l’expression des convictions, notamment religieuses.

Vous êtes syndiqué ?

En dehors du fait qu’il est peu probable qu’un candidat réponde par l’affirmative, cette question est interdite, car la loi stipule que tout salarié peut librement adhérer au syndicat professionnel de son choix et ne peut être écarté d’une procédure de recrutement, sous peine de poursuites pour discrimination syndicale. A la clé : un an de prison et/ou une amende, doublée en cas de récidive.

Vous avez un casier ?

Pas un casier de rangement, mais un casier judiciaire. La question est rarement posée et cela tombe bien, puisqu’elle est interdite sauf pour certains postes, comme ceux relatifs au maniement d’argent (convoyeur de fonds).

Que pensez-vous de notre cher président ?

Bien sûr, si vous postulez pour un job en politique, vous ne pourrez pas y couper. Mais en dehors de ce cas précis, le recruteur n’a pas le droit de vous demander vos opinions politiques et vous n’êtes pas là pour papoter et débattre. Interdiction donc de vous demander ce que vous pensez d’untel, pour qui vous avez voté, mais aussi de lancer des questions plus insidieuses sur des débats politiques, comme « et le voile, vous trouvez ça bien ? » ou « le mariage pour tous, c’est une bonne idée selon vous ? ».

Vous venez d’où ?

Les origines font partie des informations privées que votre interlocuteur n’a pas à connaître. Ne vous laissez pas déstabiliser par les remarques détournées à ce sujet : des phrases comme « et ce joli accent, il vient d’où ? » ou « votre nom, c’est basque non ? » n’ont légalement pas lieu d’être lancées lors d’un entretien. Cela va sans dire, mais les blagues dans ce registre sont plus que malvenues : non seulement elles sont illégales, mais elles sont aussi de mauvaise augure pour la suite, car on ne vous souhaite pas de travailler dans une entreprise dont le recruteur use de discriminations sous couvert d’humour.

Vous vivez dans quel quartier ?

En 2014, un petit nouveau a fait son entrée dans la liste des discriminations prohibées lors de l’embauche : il s’agit du lieu de résidence. Des études ont en effet prouvé un lien entre le lieu d’habitation et l’accès à l’emploi, en raison de l’image négative qui colle à certains quartiers, défavorisant ses citadins dans le processus de recrutement. Au nom de l’égalité des territoires, le code du travail, dans son article L. 1132-1, indique désormais qu’ « aucune personne ne peut être ­écartée d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage […] en raison […] de son lieu de résidence. » La question est donc interdite, puisqu’au cas où l’entretien ne débouche pas sur une embauche, le candidat peut estimer avoir été victime de discrimination sur cette base.

Copyright : Dylan Gillis Unsplash

Vous êtes désormais en mesure d’identifier et d’éviter les questions indiscrètes : pour préparer au mieux votre entretien, on vous donne ici tous les conseils pour repérer et valoriser vos compétences, et convaincre votre futur employeur que vous êtes LA personne qu’il lui faut !